Ils sont : Infirmier, cadre de santé, sage-femme, puéricultrice, kinésithérapeute, opticien, audioprothésiste, préparateur en pharmacie, technicien médical, technicien de laboratoire assistant social, éducateur, dentiste vétérinaire, médecin).

En cette période de crise sanitaire inédite et implacable, ces professionnels de santé qui sont sollicités en continu depuis plus d’un mois forcent notre respect, aussi, nous voulons leur dédier notre lettre mensuelle d’Avril saluer l’immense travail qu’ils accomplissent au quotidien en tant que soignant. implanté cochléaire.
Découvrons l’histoire de certains d’entre eux.

Philippe Goupille,

Chef de service en Rhumatologie à Tours.

Dans le cadre de la pandémie à COVID-19, je ne vais pas proposer de témoignage particulier, ou en tout cas faire état de possibles difficultés sur le terrain.
En effet, étant chef de service de Rhumatologie au CHU de Tours, je ne suis pas directement au contact des patients COVID-19 qui sont pris en charge dans les services de Réanimation, Maladies Infectieuses, Pneumologie et Médecine Interne (dans l'autre hôpital de Tours)
Je suis en charge de la gestion des essais thérapeutiques potentiels au CHU de Tours et également de la question difficile et éthique des traitements administrés hors protocole.
De ce fait, mon activité se fait principalement à partir de mon bureau via de multiples visioconférences, donc je n'ai pas de difficultés particulières par rapport à mon activité habituelle.
Cette période très particulière pour tous, m'a démontré que je n'avais aucun souci pour les entretiens téléphoniques, les visioconférences, éléments essentiels actuellement, et que je pouvais assurer mes missions et avoir une activité normale grâce à mon implant.


Son parcours d’implanté
https://www.cisic.fr/temoignages/mm-tem-adultes/239-a-tem-philippe

Son interview parue dans le Figaro en Novembre 2019
https://sante.lefigaro.fr/article/surdite-l-implant-cochleaire-une-solution-exceptionnelle-encore-mal-connue/

 

Yves Hamonic,
Kinésithérapeute, il maintient ses consultations à domicile pendant cette pandémie et il s’est inscrit à la réserve sanitaire.

« Je m'appelle Yves, je suis kinésithérapeute et implanté bilatéral depuis environ 5 ans. Comme beaucoup d'implantés, j'ai dû adapter mon mode de fonctionnement professionnel à mes nouvelles capacités auditives. En effet, si l'implant permet de rétablir une certaine communication sociale, nous continuons cependant à rencontrer des difficultés dans de nombreuses situations.
Outre les environnements bruyants qui impactent largement la discrimination de la parole, d'autres paramètres peuvent devenir des obstacles inopinés : un accent, la vitesse d'élocution, le timbre de la voix...et depuis quelques semaines, le port du masque systématisé.
Comme beaucoup de mes confrères (-sœurs), j'ai fermé mon cabinet à la mi-mars pour ne plus suivre à domicile que les patients les plus urgents. Les consignes imposant depuis plusieurs semaines le port du masque par le praticien comme par le patient, je me surprends à les faire répéter beaucoup plus souvent qu'ils n'y sont habitués...comme quoi le réflexe de la lecture labiale ne nous lâche pas comme ça !
Or, étant déjà inscrit sur différentes plateformes d'alertes dans le cadre de l'épidémie de Covid-19, compte-tenu de ce nouvel obstacle dans un contexte de stress auquel nul n'est préparé, je me suis mis à douter de ma capacité à être rapidement efficace. En effet, dans ce type de scénario, le temps est compté et les recrues doivent se rendre immédiatement opérationnelles.
Dans le Sud-Ouest de la France où j'habite, à ce jour la situation est encore sous contrôle. En effet, aujourd'hui, les kinés sont essentiellement utiles en réanimation pour ceux qui ont cette spécialité, et dans les régions les plus touchées. La seconde vague commence à intervenir dans les services de suivis, afin d'aider au sevrage ventilatoire et proposer une réadaptation plus active. Enfin, une mobilisation massive des kinés de ville aura lieu durant des mois, lorsque l'actualité sera passée à autre chose, afin de permettre aux patients les plus impactés par leur passage aux soins intensifs, de retrouver une forme physique et une autonomie en rapport avec celle qui était la leur avant de contracter le virus.
Soutenir les soignants aujourd'hui est primordial, ne pas les oublier demain sera vital...pour eux. »

Témoignage de Yves :
https://www.cisic.fr/temoignages/mm-tem-adultes/623-a-tem-yves-2014

Vidéo https://youtu.be/pRllFBDv65Y

 

Emilie Boissier
Médecin-oncologue.

Elle a contacté l’association en mai 2002,

« Je m’appelle Emilie Boissier, j’ai 33 ans. Je suis médecin spécialiste en cancérologie. Je vais vous raconter rapidement mon parcours et ma profession.
Tout commence à l’âge d’un an, où je fais une méningite avec de nombreuses complications. Après plusieurs mois hospitalisée, je m’en sors avec une surdité profonde bilatérale, pour laquelle je serai appareillée. Grâce au travail acharné de mes parents et de mon orthophoniste, je finirai par oraliser et acquérir une très bonne lecture labiale me permettant de comprendre et suivre des discussions. Après quelques années en classe spécialisée, j’intègre en cours de primaire un cursus scolaire avec les entendants, et l’aide d’un interprète LPC (Langage Parlée Complété). En arrivant au lycée, l’envie et l’ambition de faire médecine se précisent. Malgré de nombreuses réticences des professionnels de santé, et de mon entourage, je décide, en accord avec mes parents, de me lancer dans la fameuse première année de médecine, dite P1. J’ai pu bénéficier d’un interprète LPC pour certains cours, d’une place réservée au premier rang, et d’une prise de note partagée rémunérée avec une autre étudiante. Quelle surprise lorsque j’ai été reçue ! Ce fut pour moi une revanche sur la vie !
C’est l’été de cette première année de médecine que je me suis faite implanter à Paris. J’avais beaucoup d’appréhension et de crainte de perdre la qualité acoustique de mon audition. Après plusieurs mois de rééducation, je découvre une nouvelle vie : téléphoner, avoir des discussions en groupe, suivre une conversation courte sans lire sur les lèvres, écouter la radio. Cet implant va faciliter mon quotidien et marquer un tournant dans ma vie. Je vais effectuer mes 6 premières années d’externat à Angers, à mi-temps en stage hospitalier et en cours. En fin de 6ème année, j’ai passé mon concours d’internat (ECN), et choisi de me spécialiser en cancérologie pour devenir oncologue médicale. Je vais poursuivre ma formation d’interne à Paris. Je serai en stage hospitalier toute la journée. Après 5 ans d’internat et un an de recherche, j’ai effectué un clinicat à Paris pendant 2 ans. Enfin, je suis retournée m’installer à Angers avec ma famille.
Lors de mes études de médecine, j’ai eu la chance d’être soutenue et aidée par les équipes médicales et paramédicales. Le plus difficile a été de devoir changer de stage tous les 6 mois pendant l’internat. Cela impliquait de rencontrer de nouvelles équipes et de devoir faire mes preuves pour être acceptée et obtenir leur confiance. On se prend parfois des claques, avec des personnes qui ne nous aident pas, voir qui mettent des bâtons dans les roues. Mais il faut outrepasser cela et continuer le parcours.
Les problèmes techniques existent mais j’ai finalement réussi à trouver des solutions. Le premier est le stéthoscope. Longtemps, je me suis demandée comment j’allais pouvoir ausculter mes patients. J’ai trouvé un stéthoscope Suédois avec sortie jack, qui permet le fonctionnement avec boucle magnétique, ou la possibilité de le relier directement à mon implant.
Une autre difficulté est le téléphone. Je suis à l’aise au téléphone, si celui-ci est de bonne qualité. Je n’ai pas hésité à solliciter les services techniques des hôpitaux pour faire des essais et trouver un appareil adapté. Et lorsque c’est trop compliqué, j’utilise mon téléphone portable personnel auquel je suis habituée.
A côté de ces problèmes techniques, je n’ai jamais rencontré de problèmes lors des consultations avec les patients.
J’ai également choisi une spécialité ne me mettant pas en difficulté comme la chirurgie (port de masque), la cardiologie ou la pneumologie (experte en auscultation cardio-pulmonaire).
Dans le contexte épidémique actuel de COVID-19, les pratiques médicales ont dû être adaptées en limitant au maximum le nombre de contact avec les patients, tout en maintenant les soins nécessaires pour les patients cancéreux (chimiothérapie, surveillance, diagnostique).
L’accompagnement de ces patients à risque est primordial. Nous constatons une importante diminution des consultations spontanées pouvant aboutir à des diagnostiques de cancer. Il faut absolument continuer à consulter vos médecins traitants pour les symptômes hors COVID-19, afin d’éviter des retards de prise en charge préjudiciables.
A ce jour, ma plus grande difficulté est l’utilisation généralisée du masque dans le domaine médical, qui entrave fortement la compréhension, avec les patients et les équipes soignantes. Je dois redoubler d’attention pour ne pas passer à côté d’informations essentielles.
J’ai réalisé mon rêve, être médecin, avec l’aide de ma famille, des différents acteurs sociaux, de la technologie de l’implant cochléaire et du matériel médical adapté.
N’hésitez pas à me contacter si ce parcours vous intéresse. »

 

Charlotte Depaepe
Porteuse d’une surdité sévère et profonde de naissance ,elle est implantée en depuis la fin de l’année 2019, démarre ses réglages … elle a été miss France mais elle est également infirmière.

J’ai été diplômée de la profession d’infirmière en 2017. J’ai aussitôt repris mes études vers un Master en Management de la Santé pour ensuite diriger un établissement sanitaire, social ou médico-social. J’ai été implantée à droite en décembre 2019. L’implantation était nécessaire car ma surdité (de naissance, sévère à profonde) a évolué et j’avais de plus en plus de difficultés à comprendre les cours, les conversations, les échanges en réunion. Aujourd’hui, 3 mois après l’activation de mon implant, la communication est toujours aussi difficile (et c’est normal !). Heureusement, j’ai mon appareil auditif à gauche qui me permet de compenser un peu.
Au vue de la situation sanitaire actuelle, je me suis donc proposé de revêtir ma blouse d’infirmière pour renforcer les équipes. C’est d’autant plus dur que le port de masque ne permet pas de comprendre mes interlocuteurs. Les équipes s’adaptent. Quand cela est possible, mon interlocuteur recule à une distance suffisante et retire son masque. Mes collègues se relaient également pour le téléphone. Car en tant qu’infirmière, je suis censée prendre les appels, chose très compliquée avec le téléphone de l’établissement et dans les conditions d’exercice. La directrice a proposé de mettre des choses en place pour améliorer ma qualité de travail. C’est en cours de discussion, notamment avec une entreprise du secteur qui propose un téléphone adapté et un amplificateur. À tester..

Elle a publié le message ci-dessous sur facebook qui a été partagé 18 000 fois et publié par la voix du Nord .

https://www.facebook.com/profile.php?id=100005247828340

« Il est 5h00 et je quitte le confort de mon foyer. Non pas pour aller me promener dans les rues (presque) désertes, ni même pour me déplacer au supermarché pour n’acheter qu’une seule bouteille de soda. Comme encore beaucoup d’inconscients. Non.
Il est 5h00 et je regarde une dernière fois le salon. Là où il y a quelques heures encore, je jouais à une dernière partie de Monopoly avec ma famille. Où je jouissais du plaisir de me retrouver enfin avec eux, dans des circonstances malheureuses, certes, mais avec les personnes qui sont chères à mon coeur.
Il est 5h00 et je ferme la porte de la maison. Je ne sais pas quand je reviendrai, quand je les reverrai, ni même si je les reverrai un jour. Parce que j’ai pris la décision de partir et de ne pas revenir avant la fin. Pour les protéger. Parce qu’ils présentent des facteurs aggravants et que le virus pourrait potentiellement les tuer.
Il est 5h00 et je prends le volant de ma voiture, prête à entamer un long trajet d’une heure, sur une autoroute vide. J’aurai tout le temps de repenser à ce week-end. Au moment où je leur ai annoncé que je partais pour renforcer les équipes soignantes. Au moment où ma mère a fondu en larmes face à cette nouvelle. Au moment où je me suis retenue de ne pas la serrer contre moi pour essuyer ses larmes. Pour la protéger. Pour les protéger.
Je n’ai pas pu les prendre dans mes bras. Je n’ai pas pu les embrasser. Je n’ai pas pu leur dire au revoir comme je l’aurai voulu. Je les quitte sans savoir si je les reverrai. Personne ne sait. Personne ne peut savoir qui le virus prendra demain. Ça peut être toi, un membre de ta famille, ta voisine, un inconnu que tu as croisé au supermarché ce matin. N’importe qui, n’importe quand, n’importe où.
Vous avez la chance de pouvoir rester chez vous, de profiter ensemble de ce répit qui vous est donné. Vous avez la chance de vivre chaque jour comme un dimanche, pendant 15 jours, un mois ou peut-être plus. Personne ne vous dira rien si vous vous levez encore à 13h aujourd’hui, que vous vous couchez encore à 3h du matin cette nuit, après tout, demain est encore dimanche.
Alors profitez et arrêtez de vous plaindre. Profitez et ne jouez pas les inconscients à braver les interdictions. Elles existent pour une raison. Soyez conscients, responsables. Pensez aux vies que vous n’enlèverez pas en restant chez vous. Ne soyez pas égoïstes. Ne vous prenez pas pour un scientifique en disant que ce n’est qu’un petit virus. Ne vous prenez pas pour un super-héros en vous pensant intouchable. Tout le monde peut y passer.
S’il vous plait, restez chez vous et profitez de ces moments avec votre famille, ce seront peut-être les derniers. »

a soignants implantes 3
Article paru dans la voix du Nord :
https://www.lavoixdunord.fr/735695/article/2020-04-03/valenciennois-infirmiere-de-formation-et-sourde-elle-est-montee-en-premiere

 

Merci à eux ! Si vous aussi vous souhaitez partager votre expérience de soignants implantés, N’hésitez pas, envoyez un mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.