Je ne connais pas l’origine de ma surdité. Je ne cherche même pas à savoir, ça ne changerait rien du tout de toute façon.

Avant mon implantation, j'étais assistante maternelle. Je m'occupais donc de 2 petits garçons qui allaient à la maternelle et je me rappelle que quand ils me parlaient sur le chemin du retour, je leur demandais d'attendre d'arriver à la maison, car avec la circulation, je ne comprenais rien du tout. J'ai dû arrêter mon métier avant la retraite.

J'étais très embêtée quand on me parlait. Je répondais souvent à côté. Du coup, j'évitais de parler, même à mes voisins.

J’étais donc très impatiente de bénéficier d’un implant cochléaire ! J'avais hâte d'y aller, c'était pour moi la dernière issue pour pouvoir être presque « comme avant ».

 

Le 9 novembre 2010, à 58 ans, je suis entrée au CHU de Hautepierre à Strasbourg.

J’ai été implantée le lendemain et je suis ressortie un jour plus tard. L’opération n’a pas été douloureuse, mais j’ai eu une petite gêne au niveau du pansement qui me compressait.

Après un mois de cicatrisation, je réalise le premier essai avec le processeur.

Quelle émotion ! Toute l'équipe était là avec les larmes aux yeux, surtout moi ! J’ENTENDAIS !


S'en suivent les réglages une fois par mois. Tantôt les "ch", tantôt les "s" jusqu’à trouver le bon réglage. C'est grâce aux 16 électrodes implantés que je peux à nouveau entendre, mais il a fallu que je ré-apprenne et mette un nom sur tous les bruits. Mon entourage m'y a grandement aidé. Moi qui étais sur la « touche » depuis très longtemps... Je revis, tout simplement !

 

Je me permets à nouveau à parler aux gens dans la rue, même et surtout à ceux que je ne connais pas, comme je le faisais avant. Ça me fait un bien fou !

J'arrive à suivre les conversations entre 2, voire 3 personnes.

Mes amis et ma grande famille ont fait, et le font encore, beaucoup d'efforts quand je suis avec eux. Ils me regardent, ils articulent, ils font des pauses dans leurs phrases afin que je puisse suivre...

 

Je suis toujours suivie par une orthophoniste pour de l'entretien. Je décroche à nouveau le téléphone, je vais occasionnellement au cinéma, mais SURTOUT, je n'hésite pas à faire répéter quand je n'ai pas compris.

Je porte un appareil auditif dans l'autre oreille, mais mon implant est beaucoup plus performant, raison pour laquelle il tient une large et énorme place. En clair, je n'entends strictement rien quand je suis "débranchée"...

 

J'ai eu « droit » à un nouveau processeur en décembre 2021, encore plus performant. C'est bien simple , je l'appelle ma « ROLLS » !

 

Je n'entendrai plus jamais comme avant c'est sûr, mais pour avancer il faut regarder devant soi, ne pas s'apitoyer... Avant, c'était avant !

 

J’ai 70 ans cette année, et je peux dire que mon implantation a été une véritable renaissance.

 

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