Je m’appelle Marie, j’ai 46 ans.
Je suis sourde depuis ma naissance et je n’ai été appareillée qu’à l'âge de 9 ans. Je portais 2 appareils.
Deux ans plus tard, à l'âge de 11 ans, j’ai complètement perdu l’audition à l'oreille gauche ; il me restait un seul appareil à droite.En février 2012 ma surdité a chuté à l'oreille droite.
Ma surdité est devenue profonde ; j'avais des vertiges et je vomissais ; j’avais des acouphènes. Même avec mon appareil, je n’entendais rien mais je le portais quand même pour stimuler mon audition.
Donc je suis allée voir mon médecin ORL le Dr Serge Dahan. J’ai fait des examens. L’audiogramme a confirmé que mon audition avait baissé, le médecin m'a conseillé d’attendre un peu pour voir comment cela évoluait.
Pendant 6 mois je n’ai rien entendu et je continuais à travailler. Le plus difficile c'étaient les sonneries, et parler en face des personnes pour lire sur les lèvres. Plus de téléphone, ni de télévision sauf des émissions sous-titrées. Bien sûr que j'étais triste mais je gardais espoir, malgré les angoisses. Mon avenir, mon moral n’étaient pas toujours au beau fixe.
En mai je suis allée voir un médecin, le Dr Le Bris Hervé, avec ma mère. On a parlé au sujet des implants cochléaires ; il m'a donné les coordonnées à l'hôpital Beaujon du Dr Mosnier Isabelle.
Lorsque je suis rentrée à la maison la première chose que j’ai faite est d’aller voir sur internet pour avoir plus de renseignements. Quand j’ai vu les images des implants et l’opération je me suis dit : « non ! » Cela m’a fait peur, je me refermais de plus en plus dans ma bulle et je me posais plein de questions.
En juin, je suis allée voir le Dr Mosnier avec ma mère et mon compagnon. Lorsque je suis rentrée dans son cabinet, on a discuté. Elle m'a tout expliqué au sujet de l’implant cochléaire et de l'opération. J’étais rassurée et puis on m’a donné la date de mon opération. J'avais 1 mois pour réfléchir.
Plus le temps passe, plus s'approche l'opération. Finalement j'ai pris ma décision d’être opérée grâce à mon frère qui m'a fait comprendre que c'est dommage de ne pas profiter de cette technique ; il m’a dit : « Marie, ne va pas en arrière avance ».
C’est un peu comme si le vent me poussait pour aller jusqu'au bout.
Ma famille et mes amis, mes patrons et leurs enfants ont fait le maximum pour m’aider, pour m’encourager, pour me soutenir.
Le 16 août, enfin le jour est arrivé, l'opération s'est bien passée ; je n'avais pas trop de douleurs. En revanche pendant quelques mois j’ai perdu le goût des aliments.
3 semaines environ après mon opération pour la première fois j'ai rencontré l’orthophoniste pour les réglages de l’implant. C’était épuisant. Cela demande beaucoup d'efforts de concentration pour reconnaître les bruits. A la fin elle branche mon appareil et dit : « attention vous êtes prête 1, 2,3 bip !!!! »
Waouh! J'ai eu une forte émotion ; j'avais promis de ne pas pleurer mais ça a été plus fort que moi ; j’étais heureuse comme un enfant.
Je quitte l’hôpital, je démarre ma voiture et j'entends « gling, gling ». C'est quoi ce bruit ? Finalement j’entendais ! c'est mon clignotant. Je m'étonne de tout. Je dois redécouvrir chaque bruit. Je retourne à l’hôpital 1mois plus tard pour les réglages. Petit à petit j'entends mieux ; je découvre plein de bruits. Je dois répéter les mots que me dit l’orthophoniste en se cachant les lèvres. Je n’y arrive pas trop mal.
Je progressais régulièrement et j’étais impatiente de savoir si j’entendrais à nouveau la musique et si je pourrais utiliser le téléphone.
3 mois après, mon orthophoniste met de la musique. Youpi ! J'entends la musique, c'est génial ! C’est le bonheur. J’essaie de téléphoner : j’ai appelé ma mère ; j'entends « dring, dring ; allô ! Maman ». Elle était émue et à la fois contente. J'ai demandé à ma mère de garder la surprise, de ne rien dire à mon frère.
Le jour de son anniversaire je l’ai appelé sur son portable « dring, dring ». Il décroche : « allô, bon anniversaire ». Il était surpris ; il ne s’attendait pas à ça ! Il est vraiment heureux pour moi.
Le rythme des réglages à l’hôpital a progressivement diminué ; maintenant je n’y vais qu’1 fois par an.
En 2013, j’ai eu quelques petites complications, j’ai eu des vertiges et des vomissements plusieurs fois. J’ai rencontré le Dr Boucarra, spécialiste de l’équilibre et des vertiges. J’ai passé des examens. Je dois faire une rééducation : 30 séances. Ça fait 2 ans que je continue. Je suis presque à la fin. Je peux dire que ça m’a beaucoup aidé et je vais mieux.
J'aurais aimé poser un implant cochléaire à mon oreille gauche. Hélas ! Il y a des risques que je ne puisse pas entendre car mon cerveau n'a pas été stimulé depuis plusieurs années. Pour le moment pas d’opération, mais je n'en demande pas plus. J’ai eu de la chance. Peut-être un jour ; l'avenir me le dira.
Depuis que je suis implantée mes acouphènes ont presque disparu. Fantastique.Avant que je termine, je voudrais remercier toutes les personnes qui m’ont aidée par leur gentillesse et leur écoute.
Un petit mot pour ma famille et mon amour qui sont toujours là pour moi avec beaucoup d’affection ; merci pour ton soutien et ta patience. Grâce à vous, j’ai une seconde vie, une nouvelle vie.
J'ai rencontré le meilleur ami de mon frère, Greg. Il était étonné que ça existe l’implant cochléaire. Il dit : « c'est chouette !!! On a encore l’espoir d’entendre, rien n'est perdu ». C'est une expérience. Il a raison.
J’espère que mon témoignage aidera chacun à faire le meilleur choix.
Pour moi j’ai l’impression d’avoir remporté une grande victoire.