"Deux mois avant d’accoucher, je m’aperçois que je ne capte plus beaucoup de sons."
Avant l'Implant
Vers l’âge de 8 ans, je perds mon papa = Choc émotionnel, je perds 40% - 45 % de mon audition.
Pendant 20 ans, je suis suivie par le même ORL qui me fait un audiogramme, tous les ans. Mon audition reste stable.
A 28 ans, je suis enceinte de mon premier enfant. A 5 mois de grossesse, je prends RDV avec mon ORL, comme tous les ans au mois de décembre. Tout va bien …
Deux mois avant d’accoucher, je m’aperçois que je ne capte plus beaucoup de sons. Mon mari et ma famille me le font remarquer. Je retourne voir mon ORL = bilan catastrophique, je suis devenue sourde : 4% à gauche et 1% à droite.
Pendant deux ans, je vis dans le silence. Ce qui me donne envie de vivre, c’est ma fille. Ma fille que je n’entendrai jamais pleurer, jamais gazouiller.
Mon ORL m’a condamnée, m’a certifiée qu’il ne pouvait rien faire pour moi.
Sous la pression de ma famille, je me décide à prendre RDV avec un autre ORL. Et depuis ce jour (que je n’oublierai jamais !), je revis …
Il me donne les coordonnées de l’Hôpital Saint-Antoine. Mon mari téléphone et j’ai un RDV en octobre 97.
Seulement pour rencontrer le Professeur Chouard, il fallait un certificat. Je retourne voir mon premier ORL qui m’avoue avoir entendu parler du Professeur Chouard et de l’implant cochléaire. Dans ma colère, je n’ai pas réagi.
Aujourd’hui, je lui en veux de ne pas m’avoir donner cette adresse, lui qui m’a vu pleurer à son cabinet et qui a été dur en me disant qu’on ne pouvait rien faire.
Je n’ai même pas la force quatre ans après, de lui parler de l’implant, de lui montrer les miracles de la science.
Car c’est horrible, honteux de réagir de cette façon envers une patiente.
L'Implant
Je suis reçue par le Professeur Chouard et le Docteur Claude Fugain. Ils m’annoncent une bonne nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas. On peut m’implanter !
Malheureusement, je ne connaissais rien de l’implant cochléaire. Ils m’expliquent et je leur fais confiance.
Je suis opérée le 30 avril 1998.
Dix jours plus tard, commence la rééducation avec Claude.
1ère séance : rienJe capte des « glig-glig » que je vais devoir décoder.
2ème séance : toujours rien
3ème séance : idem
4ème séance : idem
et la 10ème séance, je comprends le mot « salade ».
L’aventure commence … puis je comprends les petites phrases … le petit Nicolas ….
Aujourd’hui, je me débrouille bien avec mes proches, mes amis au téléphone. La télévision, si je suis à côté du haut-parleur : je comprends les infos et certains débats télévisés.
Mais mon principal objectif est atteint. Je comprends mes filles sans devoir les regarder. Évidemment, mon bébé : c’est juste « maman », mais c’est un bonheur, car ma fille de 6 ans, je ne l’ai jamais entendue à cet âge.
Côté musical : les chansons que j’appréciais avant ma surdité, j’arrive à les reconnaître, mais cela ne correspond pas à mes souvenirs. Malgré tout, cela ne m’empêche pas de danser, car je fais la différence entre une valse, un rock, un slow.
Aujourd’hui, je retrouve l’envie de vivre, de recevoir, de discuter.
Merci au Professeur Claude-Henri Chouard, à son équipe et surtout à Claude qui m’aura beaucoup soutenue dans cette .. aventure …
Karine Juillet 2002