Cet article est extrait du journal de l'association CISIC Ouïe-Dire publié en janvier 2014. Il s'agit d'une synthèse des informations fournies par les quatre fabricants lors de l’assemblée générale du 12 octobre 2013. En effet, les quatre fabricants ont des démarches très similaires dans ces domaines. Il a été relu, réécrit et mis à jour en janvier 2025 par Antoine Bourgeois, audioprothésiste expert implant au sein d'Audika.

 

Combien de réglages sont-ils nécessaires ?

Le protocole de réglage est très variable d’un centre hospitalier à l’autre. S’il est difficile d’en faire une généralité, il est logique que les réglages d’un patient enfant soit plus fréquent que ceux d’un patient adulte, car la précision et la reproductibilité des seuils est plus complexe à obtenir avec un nourrisson, ou un enfant.

Les séances de réglages doivent être rapprochées les 3 à 6 premiers mois après l’implantation cochléaire, pour un enfant comme pour un adulte. Des réglages évolutifs peuvent être proposés, c’est alors à la famille de changer les réglages aux dates convenues, via une application sur smartphone ou via une télécommande dédiée contenue dans le pack du processeur de son fourni à l’activation.

Les rendez-vous de réglage peuvent être progressivement réduits à partir du moment où les seuils en champ libre montrent une bonne audition avec l’implant. Chez l’enfant, il faudra attendre plusieurs semaines avant de pouvoir réaliser un audiogramme prothétique qui évaluera les seuils en champ libre. Cet audiogramme permettra d’ajuster la suite des réglages, de manière rapprochée ou à distance.

A terme, pour le suivi à +1an, les séances seront moins fréquentes mais tout aussi importantes : on parle de suivi à long terme. Il est souvent recommandé de revoir l’équipe de réglage une fois par an ou une fois tous les deux ans pour l’adulte selon les centres d’implantation, et deux à trois fois par an pour l’enfant.

De la même manière, un bilan orthophonique sera obligatoirement réalisé au moins une fois par an afin de suivre les progrès du patient et les bénéfices que lui apporte l‘implant.

Le régleur se doit d’informer le patient :

  • Des programmes disponibles pré enregistrés pendant la séance de réglage, comment et quand les utiliser en fonction de l’environnement sonore et des besoins.
  • Des différents types d’alimentation possibles, piles ou batteries rechargeables.
  • Des accessoires d’aide à l’écoute disponibles et compatibles (micro déportés, système Roger, accessoires téléphone ou télévision…)
  • De l’entretien du processeur, et des pièces qu’il doit remplacer régulièrement pour un fonctionnement optimal, de donner les liens vers les sites des fabricants où sont publiées des vidéos tutoriels pour une gestion simple à domicile. Il est à noter que les Centre Implant ne sont pas autorisés à réaliser l’entretien des processeurs, c’est au patient de prendre cette responsabilité en charge, en lien avec le fabricant de son implant.
  • De ses prochains rendez-vous dans le Centre d’Implant, du lien avec les professionnels du CHU et des professionnels hors CHU, en cabinet libéral (ORL de ville, audioprothésiste de ville, orthophoniste de ville).

 

Combien de temps après le premier réglage de l'implant peut-on atteindre des résultats perceptifs ?

La plupart du temps, l’enfant ressent très rapidement des résultats perceptifs, il peut entendre des stimulations auditives diverses, étranges, souvent inconnues. Cependant, il arrive parfois qu’aucune information ne soit décodée par le cerveau, en raison d’une privation longue ou d’un délai de réactivation nerveuse. Ce délai est variable et dépend de la qualité des fibres nerveuses et de la durée de stimulation (temps de port du processeur de son).

Généralement, pour l’enfant, on observe :

  • Réaction à différentes cloches (plus aigus)
  • Réaction au tambourin (plus graves)

Le patient adulte va généralement dire :

  • « J’entends mais je ne comprends pas » (voix métallique, cryptée, nasillarde)
  • Dans de rares cas, on obtient un début de discrimination de la parole.

 

Doit-on augmenter le réglage chaque fois et à quel rythme ?

Il n’est pas nécessaire d’augmenter un réglage si les performances audiométriques et orthophoniques sont très satisfaisantes. Souvent, on observe qu’une augmentation trop importante de la charge électrique conduit à une perception altérée (trop d’informations à traiter pour le cerveau), ce qui sera au final délétère pour l’intelligibilité de la parole. Il n’est pas obligatoire d’augmenter systématiquement les niveaux électriques de l’implant. Le réglage doit être fait en concertation avec le patient en utilisant une méthode psychoacoustique que le régleur prendra soin d’expliquer à chacune des visites.

 

Quel risque si on augmente trop vite ?

Une augmentation trop massive et trop rapide peut conduire à un inconfort en situation de bruit. Chez l’enfant, on peut observer un rejet du processeur. Il est toujours nécessaire de privilégier le confort à l’intensité, c’est le temps de stimulation qui doit primer sur l’intensité. On progresse si on utilise le processeur longtemps. Le temps est un facteur essentiel dans l’habituation à un implant cochléaire.

 

Qu'est-ce qui se passe quand un enfant/adulte ne porte pas son implant pendant un certain temps ?

Si l’utilisateur, qu’il soit enfant ou adulte, ne porte pas son processeur de sons pendant quelques heures ou quelques jours, il peut devenir difficile de supporter ce que l’on supportait avant l’arrêt d’utilisation. Il est souvent nécessaire de réduire la puissance du signal (le volume global, par l’application Smartphone, ou par la télécommande) ou de revoir le régleur d’implant si la période d’abandon est plus longue. Un nouveau réglage sera alors nécessaire pour refaire le point sur les seuils de confort à fixer afin d’utiliser l’implant dans des conditions confortables. La plasticité cérébrale est la capacité du cortex auditif à absorber les informations nouvelles, elle existe chez tous les patients, qu’il soit enfant, adulte ou plus âgé. Elle nécessite parfois plus de temps pour se mettre en place, on parle de cognition.

 

Quels sont les différentes possibilités de programmation ?

En début de rééducation, le régleur peut réaliser des programmes progressifs permettant de faire évoluer le gain électrique entre les différentes séances de réglages.

Après une certaine période, le régleur réalise des programmes adaptés aux différents accessoires et éventuellement pour des environnements bruyants. En effet, tous les processeurs disposent de plusieurs programmes qui permettent au patient d’adapter son audition à l’environnement sonore. Parfois, selon les modèles d’implant, les processeurs s’adaptent automatiquement à la situation sonore, il n’est alors pas nécessaire d’avoir à gérer ces changements manuellement. Parfois, les réglages seront à réaliser par l’utilisateur. Toutes ces possibilités doivent être sujettes à des échanges avec les professionnels de l’équipe Implant. Le régleur doit informer le patient de l’activation de ces programmes, des différents algorithmes de traitement du signal et de la façon de les utiliser au mieux.

 

Pourquoi revenir régulièrement en réglage ?

Même s’ils se stabilisent au cours des premiers mois d’implantation, les niveaux de réglages des seuils de confort et des seuils de détection peuvent évoluer par la suite (ex: évolution de l’état de santé, prise de médicaments, habituation, fibrose, etc.…).

Il est important de garder un lien avec le service ORL de votre CHU pour pouvoir faire face à ces évolutions tout à fait normales. Ce lien permet également de rester en veille technologique et d’appréhender les nouveaux dispositifs techniques existants, les évolutions étant rapides dans le domaine.

Enfin, il est important d’organiser une visite annuelle pour pouvoir bénéficier du remplacement de processeur autorisé par la Sécurité Sociale après 5 ans d’utilisation. Ce renouvellement n’est pas automatique, c’est l’équipe médicale qui, sur prescription médicale, décide de valider le remplacement de matériel si la situation le nécessite.

 

Mon régleur a dû désactiver une électrode ! C'est grave docteur ?

Non. La désactivation d’une électrode peut être nécessaire parce que la stimulation sur cette électrode est désagréable (ex: stimulation du nerf facial, douleur, mauvaise qualité sonore) ou parce que la stimulation ne passe plus (électrode endommagée ou en court-circuit).

 

Est-ce que je vais moins bien comprendre ?

Non. Si une électrode doit être désactivée, le bande de fréquence qu’elle codait est prise en charge par les électrodes adjacentes. Ainsi, si l’électrode E10 venait à être désactivée, alors le régleur répartirait le signal sur les électrodes voisines, E09 et E11 pour ne perdre aucune qualité de son. Il n’y a donc pas de perte d’informations. Les implants cochléaires modernes disposent de 12, 16, 20 ou 22 électrodes selon les marques et les modèles. S’il est nécessaire d’en désactiver 1, 2 ou 3, cela serait sans aucune conséquence sur le réglage et cela reste normal dans la pratique quotidienne d’un régleur d’implant. Si une majorité d’électrodes venait à être désactivée, alors la question de remplacer l’implant peut se poser. Cela reste rare et fera l’objet d’une étude approfondie avec l’équipe du Centre Implant.

 

Comment peut-on vérifier que le réglage est optimal ? Quel lien fait-on entre réglage et bilan orthophonique ?

Différents bilans d’audiométrie, dans le calme et dans le bruit, des tests de discrimination de la parole et différents questionnaires de qualité de vie permettront d’orienter le régleur vers les adaptations nécessaires. Les Centres Implants sont généralement composés d’une équipe pluridisciplinaire (ORL, chirurgien, audioprothésiste, orthophoniste, psychologue, psychomotricien…) qui vise à échanger des informations précises autour du patient, ce qui permet à l’équipe d’être réactive en cas de difficultés nouvelles.