Bonjour à tous

Il m'a fallu moins d'un an pour passer de l'état de malentendante résignée à celui de nouvelle née pleine d'énergie.

Je subis depuis toujours un long glissement vers la surdité. J'ai hérité de cela par ma Maman, toute sa famille en est atteinte.

C'est depuis quelques années, (j'ai 70 ans) que je commençais à m'isoler par la force des choses.la lecture labiale et les appareils auditifs atteignant leur limite.

Suite à la visite sans espoir à une nouvelle ORL, taxée de "sourde profonde" (bah oui, il faut bien appeler les choses par leur nom!), il apparut que je pouvais bénéficier d'un implant cochléaire.

Vite sur Internet je me documentais, invitais toute la famille et les amis à la pêche aux infos....Pour aller vite, c'est finalement l'implant binaural qui eu ma préférence, mes deux oreilles étant au même niveau. Seul problème, il fallait aller à Bordeaux, 660km et y séjourner

L'affaire fut conclue avec des amis qui m'offrirent l'hébergement. Les rendez vous furent pris, les tests effectués et en décembre 2014 nous fumes d'accord avec le Pr Bébear pour une intervention .le vendredi 27 fevrier

Le grand jour arrivé, tout se passa à merveille. 3heures d'intervention, réveil "comme une fleur" avec un gros pansement sur la tête.

Je fus autorisée à sortir le dimanche au lieu de mardi, cela pour dire combien je fus bien entourée par une équipe du CHU Pellegrin performante, le Pr Bébear en tête bien sûr. Qu'ils en soient remerciés.

Puis ce fut un moi de solitude auditive seulement troublée par de gros acouphènes qui, je le dis maintenant, se sont fait discrets dès les premiers branchements.

Il me sembla cependant que je percevais des bruits sourds, claquement de portière, de portes,roulement de pneus en voiture etc... ma voix était toujours là. J'ai trouvé cela bizarre et le Pr Bebear m'a dit que c'était "possible"

Le 20 mars, jour magique, 1er branchement. Antoine m'explique bien le matériel (j'ai déja tout regardé sur le net! y compris l'intervention (//www.canal-u.tv/video/universite_bordeaux_segalen_dcam/implant_cochleaire_binaural.7141)

Hop, un grand vide et une voix me demande si j'entends quelque chose: OUI ! et même je peux répondre.

Voilà, ce n'est pas banal mais ça a marché du premier coup, j'entends et comprends tout ce que l'on me dit.

Il faudra les 5 réglages pour parfaire les choses, équilibre des perceptions entre les deux oreilles, apprentissage de nouveaux sons, le cerveau travaille cela tout seul .

Madame Audoit me teste en orthophonie et me dit que c'est très bien. Moi, je prends conscience que des sons doivent être travaillés qui se mélangent, que la lecture labiale compense. je dois apprendre à m'en passer même si elle me sera toujours d'un bon secours.

Bilan au bout d'un an (jour pour jour)

J'ai bien fait de vouloir un implant binaural. Je me repère dans l'espace auditif ce qui n'était pas le cas avant. Quand je n'ai pas le système en place, je me sens comme dans le vide.

Je ne regrette pas d'avoir fait l'effort d'aller à Bordeaux pour recevoir cet implant qui ne se pose que là (pour l'instant?) Grace soit rendue à tout le personnel ,je garde un très bon souvenir de mon séjour à l'hopital et je tiens à le dire..

Comme prévu, je n'ai pas retrouvé mes oreilles de 20 ans, les voix connues sont un peu déformées puis tout rentre dans l'ordre.

Les conversations avec peu d'interlocuteurs sont aisées. Je parle doucement maintenant me dit on.

Par contre lorsqu'il y a du monde (à table), c'est retour en arrière, je ne capte que des bribes, je le savais, voilà, c'est ainsi!

Je peux me passer des sous titres à la télé quand j'ai mon "vieux" casque sur les oreilles, mais il n'est pas confortable, j'en attend un spécifique que neurelec doit m'envoyer.

Si j'écoute la radio et suit ce qui s'y dit (avec concentration quand même) la musique est cacophonique. Là, il va y avoir du boulot avant d'aller au concert.

Je suis des séances d'orthophonie qui me montrent les progrès à accomplir. ex sans lecture labiale, quand on me disait "bêche" j'entendais "boche" j'avais beau savoir que c'était "bêche" le son était nettement "boche". Maintenant, j'entends bien "bêche". Ceci, c'est le genre de "devoirs" que je m'impose chaque jour pour progresser.

Je peux répondre au téléphone, mais j'attends de trouver la connexion adequat pour la boucle "d'induction" qui m'a été fournie pour le téléphone portable, afin de la brancher au tel filaire, ce sera mieux.

Pour l'instant, la seule restriction à émettre est le fait que pour se baigner, il faut tout enlever et se retrouver dans le "vide". Je crains de même le sable et le sel à la plage. je pense qu'il faudra se résoudre à ne pas porter mon "petit bazar"

J'ai fait faire des "bouchons d'oreilles" afin de ne pas perdre les capteurs et autre processeur qui s'échappent souvent des oreilles, surtout à cause des branches de lunettes.
Dans le cas du binaural, c'est inutile, les deux "capteurs" étant reliés par un fil qui passe derrière le cou, ils ne tombent pas par terre. . C'est surtout le "contro-latéral" qui est voltigeur, le bouchon ne le calme pas vraiment, il pend au bout du bouchon me faisant une drole de boucle d'oreille.

J'espère par ce compte rendu conforter les personnes qui hésitent à se faire implanter. Pour moi, c'est une réussite complète. J'étais dans un processus très volontaire.
Je me suis laissée dire que c'est aussi en partie une des causes de cette réussite alors j'espère donner un peu de pêche à ceux qui ont besoin de réentendre: Allez y! c'est SUPER

Je conclue en disant que la lecture des expériences des autres m'a considérablement aidée à prendre ma décision. C'est pourquoi je détaille ce que j'ai vécu.

La sécu a pris en charge l'intégralité de l'implantation. J'ai une prise en charge à 100%.

Je n'ai pas demandé de l'aide pour mes trajets, c'était MA décision d'aller à Bordeaux, je n'ai pas à en faire supporter le poids par la sécu (qui n'aurait peut être pas accepté d'ailleurs)

J'estime qu'"elle" en a fait assez pour moi.

Voilà!